Après plusieurs mois de polémique, le premier café suisse proposant des fellations à ses clients a ouvert à Genève. Il a finalement été rattaché à une maison close pour être en règle avec les lois sur la prostitution et permettre aux hôtesses de facturer leurs pipes.
Un café avec une fellation en option
Le principe du café-pipe qui vient d’ouvrir ses portes à Genève, premier du genre en Suisse, est assez simple. Les clients se rendent au bar pour consommer leur café et peuvent, s’ils le souhaitent et en échange d’argent évidemment, recevoir une fellation de la part de l’hôtesse de leur choix.
Il est évidemment possible de consommer une boisson sans fellation, mais ce n’est pas vraiment fréquent selon les hôtesses. En effet, le café-pipe n’est pas un bar comme les autres et n’a pas non plus grand-chose à voir avec un café classique puisqu’il est abrité par une maison close. Effectivement, le café-pipe, malgré son nom sulfureux, n’est rien d’autre qu’un débit de boissons que l’on trouve à l’intérieur d’une maison close classique.
Les maisons closes sont autorisées en Suisse et la seule nouveauté du café-pipe est en fait de proposer une formule comprenant et réunissant les deux. Pourquoi d’ailleurs ? Parce que selon une étude plus ou moins sérieuse, les hommes seraient plus performants au travail quand ils ont bu un café et qu’ils sont satisfaits sexuellement.
Une ouverture difficile
Si le premier café-pipe de Genève a finalement ouvert en mars 2018, cela n’aura pas été qu’une partie de plaisir pour celui qui en a eu l’idée, Bradley Charvet. Effectivement, l’idée a rapidement fait réagir la population et certaines associations féministes. D’ailleurs, le concept a même fait réagir au-delà des frontières suisses, jusqu’en France où on ne juge pas ce libéralisme d’un très bon œil.
La polémique a d’ailleurs suffisamment enflé pour que ce bar qui propose boisson et fellations en même temps risque, un temps, de ne jamais ouvrir ses portes. Le gérant est parvenu à ses fins après de longs mois de procédure, mais il a été forcé de se rattacher à une maison close pour rester dans le cadre légal prévu par les lois helvétiques.
L’association Osez le Féminisme Suisse avait particulièrement milité contre l’ouverture de ce café et pour la fermeture des maisons closes, qu’elle juge dégradantes pour l’image de la femme. Un combat qui a parfois du mal à trouver un écho dans la population qui estime que l’encadrement de la prostitution est la meilleure solution pour la gérer.
Les lois suisses sur la prostitution et le travail du sexe
En Suisse, les lois sur la prostitution sont parmi les plus permissives d’Europe, à tel point que certains considèrent le pays comme la Thaïlande du Vieux Continent. En effet, en Suisse, les maisons closes sont autorisées et toujours ouvertes et les prostituées ont un statut social reconnu par l’État auprès duquel elles n’ont qu’à se déclarer, comme n’importe quel micro-entrepreneur français.
En revanche, la loi française est beaucoup plus stricte. Les maisons closes sont fermées depuis 1946 et le proxénétisme et le racolage public ont été interdits. Depuis deux ans, même les clients de prostitués qui se font attraper sont condamnés à de lourdes amendes.
Cependant, la France entretient un flou perturbant autour du travail du sexe et de la prostitution puisqu’il n’est pas techniquement illégal de vendre ses services sexuels. Il est donc légal de se prostituer, mais interdit de payer ou même de loger une prostituée. Pour beaucoup de suisses, les français et leur gouvernement se montrent particulièrement hypocrites à ce sujet.
La Suisse très critiquée pour cette ouverture
Comme nous le disions, l’ouverture de ce café pipe a fait du bruit et des remous bien au-delà des frontières suisses et à travers toute l’Europe. En France, l’ouverture de ce bar a participé à relancer l’éternel débat sur la position ambivalente de la législation française sur les questions des travailleuses et travailleurs du sexe abandonnés à leur sort.
Cependant, l’ouverture de ce bar a également permis à beaucoup de citoyens européens de découvrir que la Suisse était un mauvais élève en matière de droits des femmes. Notamment, les lois punissant le viol ont été pointées du doigt pour leur rédaction maladroite. C’est-à-dire qu’en dehors d’une pénétration vaginale par un pénis, tout autre sévice sexuel ne peut être considéré comme un viol.
Un café pipe en France ?
Vous l’avez sans doute compris, cela n’est pas près d’arriver tant que les lois françaises ne seront pas profondément modifiées. Pourtant, d’après une étude, 9 français sur 10 semblent estimer qu’il n’est pas possible d’interdire la prostitution et que ce serait une mauvaise idée.
De même, 8 français sur 10 pensent que les prostituées sont victimes de réseaux criminels et n’ont pas choisi leur situation. D’ailleurs, 73% des français sont pour la légalisation des maisons closes. Cependant, sans surprise, les hommes de 30 à 39 ans représentent l’écrasante majorité de ces voix favorables.
La législation sur la prostitution en France n’est pas près de changer et le débat ne semble même pas préoccuper particulièrement la population actuellement. De même, les suisses ne semblent pas préoccupés par le regard désapprobateur que jettent certains pays à leur législation de la prostitution et à leur tout nouveau café-pipe.