Pour ceux qui s’en souviennent, Grooveshark c’était cette plateforme de streaming musical entièrement gratuite qui permettait aux utilisateurs de partager leurs playlists préférées, sans abonnement, mais aussi sans se soucier des droits d’auteur. Évidemment, les lois sur le copyright et l’industrie de la musique ont vite rattrapé le site.
La plateforme Grooveshark, une histoire mouvementée
Grooveshark aurait pu être un autre de ces célèbres sites créés par un groupe d’amis geeks dans leur garage. Effectivement, la plateforme a été mise en ligne pour la première fois en mars 2007 après avoir été développée par Andrés Barreto, Josh Greenberg et Sam Tarantino, trois étudiants américains passionnés d’informatique.
Grooveshark, qui permet donc de partager et d’écouter en streaming de la musique, connaît immédiatement un immense succès. Un an à peine après sa création, le site embauche déjà quarante personnes pour fonctionner correctement. Dès 2010, le site propose plus de 7 millions de titres en écoute et revendique 6,5 millions d’utilisateurs uniques par mois.
Les trois amis défendent une vision d’Internet proche de celle des amateurs de Linux et du hacking militant. Ils défendent donc la liberté de partage sans aucune frontière, ni financière, ni juridique et encore moins géographique. Cependant, cette vision n’est pas partagée par l’industrie de la musique et la plateforme est vite rattrapée par la loi sur les droits d’auteur.
Du streaming illégal
Grooveshark avait fait son apparition sur la toile à une époque où l’industrie musicale peinait encore à faire respecter les lois sur le copyright. Certains se souviendront, en France, de Radioblog, qui permettait d’écouter gratuitement des millions de titres partagés. Grooveshark fonctionnait sur le même modèle et s’est rapidement attiré les foudres l’industrie.
Effectivement, les lois sur le copyright sont strictes à peu près partout dans le monde et la plateforme de streaming gratuite Grooveshark ne reversait pas un centime aux ayants-droit dont elle exploitait la propriété intellectuelle. Certes, les créateurs de la plateforme se défendaient en rappelant qu’ils ne partageaient pas eux-mêmes le contenu, qu’ils n’étaient donc pas responsables et qu’ils supprimaient, en plus, tous les morceaux signalés comme illégaux.
Cependant, avec des millions de titres partagés chaque jour, il était impossible pour les Majors de signaler tous les morceaux partagés illégalement. L’industrie musicale s’est alors rassemblée pour multiplier les procès contre Grooveshark. Financièrement exsangue, la plateforme fermera alors ses portes en mai 2015 et laissera ses créateurs épuisés par une aventure mouvementée.
Nouvelles versions et clones de Grooveshark
Presque immédiatement après la fermeture du site officiel Grooveshark, quelques clones sont apparus sur la toile. Les créateurs avaient pris soin d’en partager le code source pour permettre l’apparition quasi spontanée de ce genre de services de partage de musique et de playlist. Ils ne fonctionnent pas tous aussi bien et ne disposent pas de la même base de données, mais ils sont présents.
Le temps fera tout de même un peu de ménage et de nombreux clones de Grooveshark seront fermés à leur tour. Cependant, aujourd’hui encore, trois ans après la fermeture officielle du site d’origine, Grooveshark existe encore et il est possible d’écouter de la musique gratuitement et sans abonnement.
Pourtant, malgré tout, il est bien certain que l’âge d’or des plateformes de streaming musical gratuites et désormais loin derrière nous. L’industrie musicale a su gérer le virage de la dématérialisation de la musique en misant sur des services d’abonnements payants qui respectent davantage les droits d’auteur ; en tout cas aux yeux des maisons de disques quand ce n’est pas aux yeux des artistes.
Effectivement, le public, comme les maisons de disques, a été conquis par le fonctionnement de ces plateformes qui, pour un prix relativement bas, réalise le rêve d’écoute illimitée de nombreux amateurs de musique. Les services de création automatique de playlist plaisent aussi à un très large public. Seuls les petits artistes se sentent parfois floués par ces géants du web et de l’industrie musicale qui ont profité de ce changement de paradigme pour diminuer leur rémunération.